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Laisser sortir son chat ou pas : que choisir ?

Chat d’extérieur ou chat d’intérieur ? Telle est la question !

Toute personne vivant en maison avec un chat s’est un jour trouvé confrontée à cette décision ô combien difficile à prendre. D’un côté, vous hésitez à laisser Minou s’aventurer à l’extérieur par peur qu’il lui arrive quelque chose ou qu’il se perde, et de l’autre vous repoussez l’idée de le garder à l’intérieur par peur qu’il s’ennuie et qu’il soit malheureux. Mais alors que faire ?

Il est important de faire un choix éclairé en ayant connaissance des avantages et inconvénients propres aux deux contextes environnementaux afin de prendre la décision que vous jugerez la meilleure pour votre animal et pour votre famille.

Quels bénéfices-risques pour un chat d’extérieur ?

Le chat étant curieux de nature, le laisser libre de sortir lui permet de découvrir un environnement riche en expériences sensorielles et donc d’être stimulé par de nouveaux bruits, de nouvelles odeurs, saveurs, etc. lors de ses virées exploratoires. Cela est d’autant plus à prendre en considération si vous partez en vacances avec votre chat et arrivez dans un nouveau lieu.

Par la même occasion, ces sorties lui donnent l’occasion de faire de l’exercice physique en courant après un insecte ou en grimpant sur un arbre par exemple.

L’appel des grands espaces : mythe ou réalité ?

On imagine que le chat a besoin de parcourir de grands espaces pour satisfaire son besoin d’exploration. En fait, tout est une question d’accès aux ressources. Le chat est amené à parcourir de grands espaces à des fins nutritionnelles et/ou sexuelles (si celui-ci n’est pas stérilisé). Par exemple, un chat errant en recherche de nourriture peut se déplacer sur de longues distances si la présence de proies se fait rare. Dans le cas contraire, si la nourriture abonde et est facilement accessible à l’endroit où il se trouve, il restera à proximité.

Qu’en est-il pour nos chats de maison, stérilisés, socialisés, bien nourris et qui ont accès à l’extérieur ?
En fait, contrairement à ce que l’on pense, la plupart des chats restent à proximité de l’habitation dans laquelle ils vivent. Une étude a montré qu’en ville, les chats s’aventurent entre 8 à 55 mètres à distance de la chatière et à la campagne, entre 20 et 100 mètres [1]. Il semblerait qu’ils soient en moyenne peu actifs et passent 80% de leur temps à dormir ou à rester assis calmement [2].

L’accès à l’extérieur : un long fleuve tranquille ?

Que vous habitiez en milieu urbain ou rural, les risques qu’un chat peut rencontrer en sortant sont multiples :

Accidents de la circulation. Il s’agit d’un danger majeur. Un chat peut aussi bien se faire heurter par une voiture sur une voie très fréquentée ou sur une route de campagne peu empruntée.
Maladies infectieuses que le chat peut contracter par contact direct avec des congénères de passage (bagarres entre chats) ou véhiculées par des parasites.
Empoisonnements. Ils représentent un danger réel et leur source est multiple : plantes du jardin toxiques, produits chimiques (désherbants, granulés anti-limaces, mort-aux-rats, antigel pour voiture, etc.).
Actes humains : vol, maltraitance.
Agressions intraspécifiques (bagarres avec chats errants ou du voisinage).
Attaques interspécifiques de prédateurs du chat : chiens, renards, oiseaux de proie, etc.
Égarement suite à une fugue.
Séquestrations involontaires (garage, grange, abri de jardin, etc.).

Cette liste non exhaustive ne recense que les dangers potentiels les plus courants, mais cela est suffisant pour mesurer l’ampleur des risques auxquels le chat est exposé en s’aventurant dehors.

Par ailleurs, l’impact de ces dangers apparaît clairement lorsque l’on compare l’espérance de vie de chats d’intérieur qui vivent en moyenne entre 12 à 15 ans avec celle de chats qui sortent à l’extérieur et voient leur longévité moyenne réduite à 5 ans [3] !

À cela, ajoutons que les frais vétérinaires sont 66% moins élevés pour les chats d’intérieur.

Comment faire pour que Minou sorte en toute sécurité ?

Si malgré tout vous souhaitez laisser sortir votre chat, mais que vous habitez à côté d’une route et que minou peut aisément s’aventurer hors de votre propriété, sachez qu’il existe des solutions pour sécuriser votre jardin : clôture ou enclos (dans le cas d’une superficie trop grande).

Une fois le périmètre extérieur sécurisé, il est conseillé d’aménager une chatière afin d’y donner libre accès à votre chat et éviter que celui-ci soit tributaire de votre disponibilité ou de votre bon vouloir à lui ouvrir la porte.

Un chat d’intérieur peut-il être heureux sans sortir ?

L’avantage de garder son chat à l’intérieur est qu’il est protégé des dangers potentiels évoqués plus haut. Cependant, vous vous demandez si le fait de vivre en espace clos ne va pas nuire à son bonheur et vous avez raison de vous en préoccuper.

L’inconvénient des chats n’ayant pas d’accès à l’extérieur est qu’ils vivent très souvent dans un environnement pauvre en stimulation que seul l’humain peut apporter.

Vous l’aurez compris, la condition sine qua non pour qu’un chat vive heureux à l’intérieur est d’enrichir son environnement pour combler les besoins propres à son espèce.

Comment contribuer au bien-être du chat d’intérieur ?

Afin de proposer à votre petit protégé un environnement riche en stimulations conformes à ses exigences de petit félin, voici nos recommandations :

Ajouter des espaces en hauteur (tablettes, arbres à chat) pour augmenter l’espace vital du chat et lui donner des points d’accès où il pourra grimper, sauter, se déplacer en 3 dimensions, se reposer, se cacher comme il le ferait dans la nature.
Aménager des points d’observation aux fenêtres (en hauteur si possible).
Placer des griffoirs adéquats sur lesquels Minou pourra exercer ce besoin naturel de « faire ses griffes » sans abîmer vos meubles.
Distribuer son alimentation (sèche et/ou humide) dans des gamelles ludiques. Ces dispositifs sont conçus pour que le chat fournisse un effort pour attraper sa nourriture contrairement à une gamelle classique. Ce mode d’alimentation permet d’occuper le chat en le stimulant intellectuellement.
Jouer avec votre chat au moins deux fois par jour pendant une dizaine de minutes est essentiel afin qu’il puisse se dépenser physiquement (utilisez un jouet éloigné de votre main).

Regardez notre méthode jeu pour que le chat dépense son énergie

Comment habituer un chat d’extérieur à ne plus sortir ?

Vous avez fait le choix finalement de ne plus laisser sortir votre chat. Seulement, vous angoissez à l’idée de savoir comment cela va se passer étant donné qu’il avait l’habitude de sortir. Va-t-il pouvoir s’adapter ?

Oui ! Mais pour que cela soit possible, en plus des aménagements d’enrichissement que vous aurez mis en place, vous allez devoir suivre la méthode suivante si Minou se met à miauler et/ou gratter à la porte pour pouvoir sortir :

Ignorer parfaitement les miaulements ou grattages de porte (ne pas crier, ne pas parler, ne pas soupirer ou regarder le chat avec exaspération). Si besoin, munissez-vous de bouchons d’oreilles si cela devient intolérable. Le gage de réussite est d’avoir la patience d’ignorer suffisamment longtemps le comportement de miaulements ou grattages jusqu’à ce que votre chat cesse de le faire (généralement au bout de deux semaines, voire trois). C’est le temps nécessaire pour qu’il comprenne qu’il n’obtiendra rien en miaulant ou en grattant. Pendant ce processus, il est essentiel de ne JAMAIS céder sinon vous allez devoir tout reprendre depuis le début et ignorer votre chat pendant une phase encore plus longue étant donné que celui-ci aura compris qu’il doit miauler pendant un certain temps avant que la porte ne s’ouvre.
Modifier l’environnement de la porte afin d’en modifier sa fonction aux yeux du chat. En d’autres mots, le but est de faire oublier au chat que “porte = sortir”. Pour se faire, vous pouvez disposer à l’endroit de la porte : un arbre à chat, des cartons, un tunnel de jeu, par exemple, pour changer l’environnement.

En conclusion, il apparaît clairement que le mode de vie pour un chat comporte de multiples avantages, ne serait-ce que l’aspect sécuritaire, en comparaison des nombreux risques et inconvénients que représente l’accès à l’extérieur.

Quelle que soit votre décision (de laisser sortir votre chat ou pas) n’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez être accompagné et conseillé pour l’une ou l’autre démarche. Nous sommes là pour vous aider !

Rédaction par Sophie Legrand
Éduchatrice et auxiliaire vétérinaire spécialisée

Références

[1] J.A.Horn, N. Mateus-Pinilla, R.E. Wagner, E. J. Heske. 2011. Home range, habitat use, and activity patterns of free roaming domestic cats. Journal of Wildlife Management 75 (5) : p. 1177-1185.

[2] J. Bradshaw. 2014. La vie secrète des chats. Éditions ADA. p. 331.

[3] A. Lacheretz, D. Moreau, P. Cathelain. 2002. Causes of death and life expectancy in carnivorous pets. Revue médicale vétérinaire 153 (12) : p. 819-822.